L’amour pur vs l’amour propre. C’est la proposition faite par André Comte-Sponville, auteur de divers ouvrages et réflexions dont « De l’autre côté du désespoir : Introduction a la pensée de Swâmi Prajnânpad« .
Que peut nous inspirer ce point de vue : opposer « amour pur » et « amour propre » ?
Cela m’amène à différentes notions qui ont jalonné mon parcours jusqu’à aujourd’hui.
Tout d’abord, l’amour propre, il ne s’agit pas de le condamner hâtivement sur l’hôtel de la supposée beauté de l’amour pur, tant il est utile à la construction identitaire de chacun. S’aimer, c’est quand même quelque chose : s’accueillir, faire un avec ses points forts, ses difficultés, ses doutes, ses joies, ses peines, etc. C’est déjà pour beaucoup un très grand chemin de vie.
En parallèle, le risque est de s’enfermer dans l’amour propre, quels que soient notre personnalité et ses attraits. Le sport, la compétition, les voitures, les enfants, la maison, etc. Et même la spiritualité ! Oui, remarquons que nous pouvons être enfermés dans notre « amour propre spirituel ». Au passage, c’est d’ailleurs là un grand piège du cheminant spirituel ou religieux qui pensant s’ouvrir à l’amour pur, s’est finalement enfermé dans son amour exclusif de la chose spirituelle à laquelle il s’est identifié.
Mais alors l’amour pur, qu’est-ce ?
André Comte-Sponville, dont un des points de convergence de ses écrits est la quête de soi, la quête du bonheur, nous donne déjà une indice : l’amour pur n’est pas l’amour propre et est même son contraire.
Partons de là.
L’amour propre, c’est moi ! Et « moi » n’est pas « l’autre ». « Moi » est donc coupé de « l’autre », désunit.
Swâmi Prajnânpad, cité plus haut, donnait justement une grille de lecture forte intéressante sur le thème de « moi et l’autre. » Il disait : il y a « moi », puis « moi et l’autre », puis « l’autre et moi », puis enfin « l’autre ».
Une voie, pour passer l’amour propre à l’amour pur pourrait donc être de passer de « moi » à « l’autre ».
Et qu’est-ce que l’autre ? « L’autre » est : tout ce qui n’est pas « moi » ; tout. Il s’agirait donc de passer de « moi » à « tout ce qui est autour ».
Et comment agir avec cet « autre » ? Swâmi Prajnâpad (toujours lui) indiquait « L’amour consiste à aider l’autre à relâcher ses tensions. » C’est peut-être ça l’amour pur : aider l’autre (mon voisin, ma ville, mon entreprise, etc.) à relâcher ses tensions pour s’installer collectivement dans la détente et l’union.
Dans nos entreprises, il nous faudrait ainsi installer des processus d’accompagnement en coaching pour évoluer de « l’amour propre », base des oppositions, des violences, des formations claniques, à « l’amour pur », terreau du circuit-confiance et de la performance.